DROITS À LA CONNAISSANCE ET DROITS DES PERSONNES.
Jean-Paul Rouleau (1)
De quelques dimensions éthiques et déontologiques de la recherche en sociologie des religions
Pas plus que les autres sciences, la sociologie des religions ne peut se défiler
devant la préoccupation éthique et déontologique qui se
répand dans nos sociétés. Comme toutes les autres
activités scientifiques, voire humaines, la pratique de cette discipline s'inscrit
aujourd'hui dans des cultures où le respect des valeurs dans les rapports
sociaux est la plupart du temps profondément marqué par le droit.
En pareil contexte, il devient capital d'identifier et de percevoir clairement certaines
questions d'ordre axiologique qui se posent au chercheur ou à la chercheuse
en sociologie des religions dans sa pratique. C'est à cet aspect du
problème que sera consacré cet article.
Ce n'est pas sous l'angle de l'honnêteté et de l'intégrité
que l'éthique et la déontologie de la sociologie des religions se
spécifient par rapport à celles des autres disciplines et des autres
champs du savoir. Comme leurs collègues des autres sciences humaines et
sociales, des sciences naturelles et des sciences de la santé par exemple, les
chercheurs (2) en sociologie des religions
doivent s'interdire toute falsification, toute distorsion, toute dissimulation de
données. Ils ne doivent pas non plus s'adonner au plagiat, ni à la
subtilisation d'idées, ni à l'appropriation malhonnête du travail
d'autrui.
C'est plutôt comme action sociale et comme pratique situées dans un
milieu que la recherche en sociologie des religions colore certains problèmes
éthiques et déontologiques génériques à
l'exercice des sciences humaines et sociales, quand ce n'est pas des sciences tout
court. Dans cette perspective, nous examinerons la démarche du sociologue
des religions dans quelques-unes des étapes de sa mise en oeuvre. D'une
part, ce processus implique des relations directes ou indirectes avec des personnes
sous observation et analyse; d'autre part, au moins au stade de la communication
des résultats, il s'inscrit dans des réseaux de relations plus vastes,
que ce soit ceux d'une ou de plusieurs organisation(s) religieuse(s) ou ceux
d'organisations séculières de la société civile.
Position du problème
Quelques observations et quelques hypothèses à leur
sujet
On me permettra de commencer cet article par quelques anecdotes et quelques
constats. Tout au long de ma carrière professionnelle et à l'occasion,
dans l'exercice de certaines fonctions administratives, j'ai pu prendre acte, chez
certains groupes et certains catégories de personnes, de réticences
à l'observation, à l'analyse et à l'interprétation
sociologique de "leur" religion. A titre d'illustration de ces réticences, je
retiens le cas particulièrement révélateur d'un groupe
où ces réticences se sont exprimées à trois reprises,
sous différentes formes et à divers moments de la démarche de
recherche. La première fois, c'était une étudiante qui, dans le
cadre d'un premier travail d'initiation à la recherche, voulait administrer un
questionnaire aux membres d'une cellule locale de ce groupe. Lors d'une rencontre
avec la responsable de ce rassemblement, celle-ci demanda à voir le
questionnaire, puis au moment de l'administrer, quelle ne fut pas la surprise de notre
sociologue en herbe d'apprendre que, dans le cadre d'une conférence, le
contenu de ce questionnaire avait fait l'objet d'observations et de commentaires sur
la façon d'y répondre! Évidemment, en termes d'initiation
à la recherche, rien n'était perdu pour l'étudiante mais en
termes de validité des données recueillies, c'était une autre
histoire. A une autre occasion, des membres du même groupe qui avaient
rédigé un mémoire de maîtrise sur leur
communauté vinrent me voir pour utiliser au maximum le délai d'un an
que la Bibliothèque nationale du Canada accorde pour le dépôt
des résumés des mémoires et des thèses
présentés dans les universités canadiennes. Enfin,
dernière anecdote à ce jour, le groupe répondit positivement
à un étudiant qui voulait réaliser une recherche sur un ensemble
de communautés de même type, mais les réserves et les mesures
de contrôle réapparurent lorsque l'activité du chercheur
dût se polariser presqu'exclusivement sur ce groupe.
Évidemment, on peut invoquer plusieurs raisons pour expliquer ces
attitudes et ces comportements. Sans être une société
secrète, le groupe peut vouloir cacher des éléments,
répréhensibles ou non, de son organisation, de ses activités
ou de son fonctionnement. Il peut entretenir aussi un culte, exagéré
ou non, de son intériorité ou de son intimité. On peut se
demander aussi si ces réactions ne dissimulent pas des interrogations plus
profondes, conscientes ou inconscientes. C'est à ce moment précis
que surgit tout le débat sur les dimensions éthiques et
déontologiques de la pratique de la sociologie des religions.
Définition de la sociologie des religions
Avant d'aborder la présentation et l'examen de quelques-unes de ces
dimensions, il est nécessaire de rappeler brièvement ce qu'est la
sociologie des religions et de bien camper les positions relationnelles dans lesquelles
sa pratique place les personnes qui en sont les spécialistes. Il existe
plusieurs définitions de la sociologie des religions. Aux fins de la
présente communication, convenons que celle-ci est la science de l'analyse
hétérointerprétative des phénomènes religieux
dans leurs dimensions collectives. Pour être en mesure d'exploiter toute la
portée heuristique de cette définition en regard de l'éthique
et de la déontologie, il est important d'en expliciter certains
éléments.
La sociologie des religions est une science. Comme nous le savons tous,
la notion de science renvoie à des concepts, à des théories,
à des protocoles d'observation, d'analyse et d'interprétation qui
permettent de tirer de la réalité qui se donne à voir un objet,
un produit dont le chercheur peut rendre compte de l'émergence et qui
révèle de cette réalité d'où il est
dégagé des aspects jusque-là voilés au regard non
scientifique. L'expression "analyse hétérointerprétative" met
en évidence le fait que les concepts, les théories et les protocoles
dont il s'agit ici ne sont pas autogénérés par le religieux
lui-même sur lequel le sociologue porte son attention, mais qu'ils viennent d'un
ailleurs, l'ailleurs de la science, plus précisément celui de la science
sociologique. La portion de la réalité que la sociologie des religions
étudie, ce sont les phénomènes religieux, c'est-à-dire
les activités humaines de production, d'appréhension et de refus du
sacré et tout ce qui concourt à ces activités: statuts et
rôles des personnes, objets, temps, espaces, structures, organisations,
cultures, rapports réciproques du religieux et du séculier, etc.
Enfin, ce sont les dimensions collectives de ces phénomènes qui
intéressent primordialement la sociologie des religions, c'est-à-dire
le fait que ces activités et tout ce qui leur est relié mettent en
interaction deux ou plusieurs personnes.
L'univers relationnel des sociologues des religions
dans l'exercice de leur profession
Quand il pratique sa science, le sociologue des religions est nécessairement
en position de relations réelles ou imaginaires avec d'autres personnes.
Il l'est avec les sujets des groupes qu'il étudie, avec les leaders et les
membres des organisations religieuses, avec les dirigeants et les participants de
collectivités séculières, en plus de l'être avec ses
collègues, sociologues des religions comme lui ou spécialistes d'autres
sociologies particulières ou d'autres sciences. De cette situation relationnelle
inhérente à la pratique d'une sociologie particulière, celle
que nous avons décrite ci-dessus, découle pour le sociologue des
religions un certain nombre de problèmes éthiques et
déontologiques dans son travail.
De quelques problèmes éthiques et déontologiques de la
pratique de la sociologie des religions
L'éthique et la déontologie de la pratique de la sociologie des
religions n'ont pas fait l'objet de longues réflexions ni d'importants
débats parmi les praticiens de cette discipline. Dans un mémoire
intitulé Remarques sur l'éthique professionnelle dans la recherche
sociologique (Gagnon, 1987), Éric Gagnon fait le tour de la question pour
la sociologie en général. Une mise en situation et des applications
à la sociologie des religions de certains des problèmes
soulevés dans cette étude nous fourniront l'occasion de montrer
toute la portée de ceux-ci dans cette spécialisation de la sociologie.
La protection contre les dommages et les abus
L'éveil des sociologues des religions aux dimensions éthiques et
déontologiques de l'exercice de leur profession a accompagné celui
de leurs collègues d'autres sociologies spécialisées. Celui-ci
s'est répandu pendant les décennies soixante et soixante-dix de ce
siècle. Les premières interrogations à ce sujet se sont
posées en termes d'inconvénients, de préjudices, de dommages
que pouvait causer à des sujets leur mise en situation d'observation et
d'analyse par un chercheur.
Cette première sensibilisation a amené, du moins dans les milieux
universitaires, une adhésion généralisée et sans
contestation des sociologues des religions à l'utilisation du consentement
éclairé et à l'exigence d'approbation de leurs projets par
des comités de déontologie, au moment où ces mesures
de contrôle se répandaient, imposées ou non, dans les lieux de
pratique des sciences humaines et sociales et même des sciences tout court,
chaque fois que des sujets humains sont en cause. Ces mesures visent autant
à mettre les chercheurs à l'abri de recours possibles à la suite
de leurs interventions dans un milieu qu'à protéger les sujets humains
des études contre des abus dont ils pourraient être les victimes.
Les conflits de droits
Plus récemment, l'insistance des sociétés sur les droits
humains, en particulier en Occident, avec la multiplication des chartes de droits,
a amené les scientifiques à approfondir et à raffiner leurs
représentations des questions éthiques et déontologiques
de leurs pratiques. Sans nier l'approche du point de vue des dommages qui peuvent
résulter d'une mise en situation de recherche, ils posent maintenant de plus
en plus les questions en termes de droits, c'est-à-dire de facultés ou
de capacités dont seraient porteurs les acteurs en cause, dans les processus
de découverte et de diffusion des résultats. La pratique de recherche
devient lieu de transactions entre des sujets au sein de réseaux relationnels
où se situe ou qui entourent l'activité des chercheurs en sociologie
des religions comme dans d'autres disciplines, réseaux que nous avons
évoqués ci-dessus.
Droits du chercheur et droits des sujets sous étude...
Le premier de ces systèmes de relations est celui qui s'instaure entre le
chercheur et les sujets qu'il étudie, qu'il s'agisse d'individus ou de groupes.
Deux moments de cette relation paraissent particulièrement porteurs d'enjeux
éthiques significatifs: ce sont celui de la quête de connaissances et
celui de la diffusion de ces connaissances.
...dans le processus de découverte
Que se passe-t-il quand un sociologue des religions cherche à
connaître, à analyser ou à interpréter un
phénomène religieux chez une personne ou un groupe humain? Du
point de vue des acteurs en présence, nous sommes, d'une part, en face d'un
spécialiste, détenteur d'une compétence encore largement
investie d'une grande considération et d'une certaine confiance dans la
société, malgré des contestations dont elle a pu être
l'objet. Cette reconnaissance sociale d'un savoir technique ou scientifique
confère un certain droit à la quête de connaissances. En
face de lui se trouve(nt) le ou les sujets étudié(s). Eux aussi
disposent d'un capital, le capital de l'information, dont certains
éléments sinon la totalité peuvent relever de la vie
privée, de l'intimité, quand ils ne confinent pas au secret.
Indépendamment des abus dont ce cadre relationnel peut devenir
l'occasion, on peut se demander jusqu'à quel degré de profondeur et
d'extension un droit à la connaissance autorise à
pénétrer dans la vie privée, l'intimité et les secrets
d'autres personnes, sans porter atteinte aux droits de ces personnes à leur
zone d'inviolabilité, un autre droit lui aussi reconnu par la
société. La réponse est peut-être facile à
entrevoir dans le cas des sociétés secrètes, par exemple de
certaines sectes, mais elle est plus difficile à cerner pour d'autres individus ou
types de groupes.
La relation qui s'établit entre le chercheur et le ou les sujet(s)
étudié(s) n'est généralement pas une relation
spontanée. C'est une relation fonctionnelle et instrumentale. Elle vise
un objectif précis: connaître ce qui ne se donne pas naturellement
à voir au regard courant. Pour atteindre cette fin, elle
est réglée par des conventions rigoureuses que développent
à souhait les manuels de méthodologie et qui visent à contrer le
plus possible les interférences qui détourneraient ou iraient à
l'encontre de la poursuite de cet objectif. Malgré toutes les
précautions que l'on peut prendre pour conserver son environnement
naturel à ce processus de découverte, il reste que la mise en
situation de recherche d'un ou de spécialiste(s) et d'un ou de plusieurs
sujet(s) étudiés engendre une relation encadrée qui,
la plupart du temps, diffère de celles de la vie courante. Le rapport habituel
du sujet à lui-même et au phénomène sur lequel le
chercheur veut connaître s'en trouve modifié à des
degrés divers. Dans quelle mesure les résultats obtenus peuvent-ils
être considérés comme entretenant des liens authentiques avec
la vie ordinaire que le chercheur cherche à connaître plus
profondément?
...dans la diffusion des résultats
La simple diffusion des résultats d'une recherche - ce deuxième
temps de la relation chercheur(s)/sujet(s) étudié(s) que nous avons
retenu - entraîne aussi chez ces derniers des changements qui peuvent
entretenir des rapports à l'éthique. Quel sociologue des religions
n'a pas eu à faire face à des objections de la part
d'enquêtés qui n'acceptaient pas les conclusions ou certaines
conclusions de ses recherches? "La situation que vous décrivez ne
correspond pas à la réalité"; "vous n'avez pas tout compris";
"il y a une dimension qui vous échappe"; "vous n'avez pas saisi le
phénomène de l'intérieur", lui dit-on. Nous touchons
là l'effet réducteur de la science et l'impact du nouveau savoir que
cette réduction même permet d'obtenir. L'un et l'autre
génèrent chez le sujet de la recherche, comme du reste chez toutes
les personnes qui reçoivent les résultats de cette activité, de
nouvelles perceptions d'eux-mêmes, de nouvelles aspirations et de nouveaux
rapports au phénomène étudié. Jusqu'où le
chercheur peut-il aller dans cette direction, sans porter atteinte aux droits des
personnes à des visions d'elles-mêmes, des autres, des situations et
des choses qui leur permettent de fonctionner sans incertitude, sans
anxiété, sans angoisse?
...plus particulièrement en sociologie des religions
Les questions éthiques que vous soulevez, m'objectera-t-on, concernent
toutes les sciences, ou tout au moins les sciences humaines et sociales. Cette
observation est juste. Cependant, quand on applique ces interrogations à
la pratique de la sociologie des religions, on constate qu'elles acquièrent un
acuité inédite.
Y a-t-il un zone plus intime, plus collée à l'unicité de chaque
personne humaine que celle de ses rapports avec le sacré et à travers
ces rapports, celle de ses rapports avec elle-même, avec les autres, avec la
nature, avec l'espace, avec le temps? Il y va de visions du monde, de l'existence
et de leurs différents aspects ainsi que des conduites qui en découlent
et qui sont légitimées de l'intérieur de ces
représentations subjectives.
Précédemment, nous avons défini la sociologie des religions
comme une science hétérointerprétative des
phénomènes religieux. Par définition, la science
est une entreprise de description, d'analyse et d'explication rationnelles
des phénomènes. Or, nous savons tous la part de non-rationnel,
la plupart du temps importante, que véhiculent les phénomènes
religieux. Dans leur étude Les croyances des Québécois.
Esquisses pour une approche empirique (Lemieux et Milot, 1992), mes
collègues du Groupe de recherche en sciences des religions ont
utilisé la définition suivante du concept de croyance: "...il s'agit
d'énonçés - c'est-à-dire de faits de langage -
concernant des réalités objectives ou posées comme telles,
non vérifiables par les moyens normaux de la raison, mais mobilisateurs pour
les sujets qui les mettent en scène" (Lemieux et Milot, 1992, p. 60). On
remarquera les expressions "réalités posées comme
[objectives]" et surtout "non vérifiables par les moyens normaux de la raison".
Dans quelle mesure le sociologue des religions peut-il investir, chercher à
comprendre et prétendre expliquer le non-rationnel par le rationnel? Nous
retrouvons ici les questions éthiques que pose le réductionisme de
la science à la sociologie des religions, mais cette fois, à partir des
activités et des résultats auxquels conduit la pratique de
découverte elle-même plutôt que du point de vue des
répercussions de ce réductionnisme sur les sujets humains
impliqués dans cette pratique.
Droits du chercheur et droits des organisations et des groupes
Le travail d'aucun chercheur ne s'exerce en vase clos. Le sociologue des
religions est lui-même inséré dans une culture religieuse
à laquelle il adhère à des degrés divers ou pas du
tout; dans ce dernier cas, il peut être agnostique ou se réclamer d'une
culture laïque. Cette dimension évoque les autres réseaux de
relations où se situe le chercheur, réseaux dont nous avons fait
état ci-dessus après celui créé par la situation de
recherche.
Déjà, dans les années soixante, Henri Desroche signalait au
sociologue croyant l'exigence de sa distanciation et au sociologue incroyant
l'exigence de son empathie par rapport aux phénomènes religieux
qu'ils étudient (Desroche, 1968). Si cette prescription prend de plus en plus
d'à propos à mesure que la recherche devient appliquée, elle
revêt un sens nouveau et élargi dans la recherche orientée,
quand le chercheur est lui-même sous contrat ou qu'il est employé d'un
groupe religieux ou encore qu'il travaille sur un sujet religieux pour le compte d'une
organisation séculière. Les questions posées ne viennent pas
toujours de lui. Elles ne poursuivent pas toujours exclusivement l'avancement des
connaissances, mais sont souvent au service d'intérêts qui ont peu ou
rien à voir avec la science. Enfin, elles impliquent ou amènent parfois
des problématiques, des protocoles de cueillette, d'analyse et
d'interprétation de données dont le chercheur peut ne pas toujours
contrôler tous les éléments. Ce contexte et cet environnement
peuvent altérer à des degrés divers l'activité de
recherche et, par ricochet, la compréhension et l'extension que la
société, et a fortiori les informateurs, attribuent
généralement au droit à la connaissance qu'ils
confèrent au chercheur scientifique sur la base des bienfaits qu'ils
peuvent escompter de son travail et de leur collaboration.
Conclusion: pour un discours éthique plutôt que des
mécanismes de contrôle
Les dimensions éthiques en sociologie des religions sont donc
nombreuses, variées et complexes. Nous n'en avons évoqués
ici que quelques-unes. Certaines d'entre elles voisinent les débats
méthodologiques et épistémologiques.
A la différence d'autres professions, par exemple dans le domaine de la
santé et de la génétique, la pratique de la recherche dans
cette science n'est pas régie par un code spécifique de
déontologie. Il est heureux qu'il en soit ainsi. Les capacités
des règles et des normes légales ainsi que des législations
sont plutôt limitées quand il s'agit d'aménager les relations
entre les personnes. Comme la plupart des autres sciences humaines et sociales, la
sociologie des religions n'en cesse pas pour autant d'être partie prenante
d'une préoccupation et d'un discours éthiques. Il est à
souhaiter que l'élaboration de ce discours, toujours à réviser,
se poursuive de concert avec les autres formes de sociologie et avec les autres
sciences humaines et sociales qui lui sont apparentées ainsi qu'avec toutes
les instances impliquées dans l'activité de cette discipline: sujets
humains des recherches, groupes religieux, groupes séculiers
intéressés ou même hostiles à la religion, medias,
population, etc. Une telle façon de procéder devrait chercher
à aboutir à des façons de penser, de faire et à des
habitudes issues de consensus, qui s'imposeraient moins par la force de normes
juridiques et de sanctions légales que par la pression et le contrôle
social informels.
Références
Desroche, Henri. 1968. Sociologies religieuses. Paris: Presses
universitaires de France (coll. SUP, Le sociologue, 15). 221 p.
Gagnon, Éric. 1987. Remarques sur l'éthique
professionnelle dans la recherche sociologique. Québec:
Université Laval, École des gradués, mémoire présenté pour l'obtention du grade de maître ès arts [texte dactylographié]. 99 p.
Gosselin, Gabriel. 1992. Une éthique des sciences
sociales. La limite et l'urgence. Paris: L'Harmattan (coll."Logiques
sociales"). 210 p.
Lemieux, Raymond et Micheline Milot. 1992. Les croyances des
Québécois. Esquisses pour une approche empirique.
Québec: Université Laval, les Cahiers de recherche en
sciences de la religion, vol. 11. 384 p.
Université Laval [Comité de déontologie]. 1980.
Formule de consentement [texte photocopié]. 1 p.
Université Laval [Vice-rectorat à la recherche]. 1995.
Politique relative à l'intégrité scientifique.
Québec: Université Laval. 19 p.
(1) Sociologue des religions, Jean-Paul Rouleau est
professeur dans le programme de maîtrise en sciences de la religion
et à la Faculté de théologie de l'Université Laval.
Il est président de la Société québécoise
pour l'étude de la religion.
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(2) Dans cet article, le générique masculin
est utilisé sans aucune discrimination et uniquement pour alléger le
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